Petite fille de Roumanie

Petite fille trop vite grandie,

Pour survivre, tu voles, tu mendies,

Petite fille quand pourras-tu de nouveau sourire.

Tes jeux d’enfant insouciants sont loin désormais,

Tes poupées, nounours, sont maintenant oubliés,

Tu erres, le regard plein de haine, sur la chaussée,

Haine envers cette société qui t’oblige à voler,

Sous les regards inquisiteurs de tes géniteurs.

Tu as rejoint un pays de liberté et de fraternité

Devoir se prostituer, travailler ou mendier,

Quand on a à peine dix ans et des rêves empêchés,

Est-ce ça la liberté, est-ce mieux que la pauvreté de ton pays déserté ?

Y-a-t-il un Dieu pour autoriser cette vie de déchéance et de souffrance ?

Ta raclette à vitre à la main tu surgis,

Tu déambules, ignorant les regards de mépris,

Inlassablement des pare brises tu laves et essuies,

Avec un regard sombre, insoutenable, vide,

Tu agis tel un robot, sans âme, sans vie.

Pauvre petite fille comme des milliers d’autres enfants, peut-on dire que tu es vivante ?

Lâchement la proie d’une humanité perdue comment peut-on continuer à vivre sans oublier ton regard ?

En te laissant travailler dans la rue, quand ta place est à l’école, dans un cocon familial d’amour et de stabilité ?

Quel individu peut grandir et devenir un homme ou une femme responsable et heureux quand il a vécu cette enfance de débauche, de misère, sans aucun lendemain, sans aucun rêve ?

J’ai honte d’avoir poursuivi mon chemin comme tous les autres automobilistes confrontés au quotidien de cette misère.

J’ai honte de faire partie de cette société qui ne voit plus ce qui peut la combler.

J’ai honte de vivre à une époque dite moderne et civilisée qui l’est en fait, bien moins qu’il y a plusieurs siècles.

J’ai honte de faire partie de ce pays qui t’accueille dans ces conditions… et j’ai de la pitié pour tes géniteurs qui te regardent travailler dans le froid et te récompensent d’une gifle quand tu n’as pas réussi à rapporter une pièce le temps d’un feu rouge.

Petite fille de Roumanie

Petite fille trop vite grandie

Pour survivre tu voles, tu mendies,